Les Grandes Orgues de la Cathédrale de Senlis

La cathédrale de Senlis est certainement le bâtiment le plus emblématique de notre ville. Depuis la fin de sa construction en 1191, l’édifice arbore une des premières structures gothiques du pays, qui culmine à 78 mètres de haut.


Outre les formidables trésors que renferme la cathédrale, il en est un qui fait l’objet d’une attention particulière depuis ces dernières années : ses Grandes Orgues.


A l’origine, l’instrument a été construit en 1647 pour la chapelle du lycée Saint-Vincent, puis reconstruit en 1750 pour être finalement déplacé en 1803 à la cathédrale. Il aura bénéficié de nombreuses restaurations: en 1808, modifié en 1874, la tribune sera ensuite agrandie en 1875, et l’orgue sera rénové en 1926.


Remanié et complété en 1974, il sera équipé de 4 claviers (superposés), d’un pédalier (et oui, l’organiste joue aussi avec ses deux pieds sur un grand clavier) et de nombreux jeux (pour diversifier les timbres).


Quelques explications sur le fonctionnement d’un orgue :


Un orgue est un instrument à vent : une soufflerie produit de l’air et constitue une réserve (à l’origine actionnée à la main ou aux pieds par des assistants puis électrique de nos jours). C’est à partir d’une console (claviers, pédalier, tirettes pour appel des registres (60 jeux), et autres commandes) que l’organiste va gérer le choix des sons. Il sera assisté par le cœur de l’instrument : le sommier, qui, via de nombreux conduits, distribue l’air sous pression vers différents tuyaux (4000 tuyaux) qui, selon leur diamètre, longueur, forme et types de biseaux et anches vont produire non seulement des sons de hauteurs différentes mais également des timbres extrêmement variés.


Tous ces éléments se dégradent au fil du temps et de l’utilisation. Et ainsi qu’on entretient un véhicule, l’instrument mérite régulièrement une bonne révision. Dans le cas des orgues on parle de « relevage», c’est l’usage. Attention au terme « restauration » qui implique, comme pour un tableau de maître, d’être rétabli à sa nature originale. Rénovation serait plus appropriée car cela implique l’amélioration de sa condition. Ainsi le passage à l’électricité impliquait une rénovation.


Constatant à nouveau l’extrême mauvais état de l’instrument, des Senlisiens passionnés ont constitué une association « les Amis des Orgues de Senlis » en 2008, afin de consacrer du temps et de l’énergie à alimenter un dossier qui servira de base au déclenchement des travaux de rénovation. Et pas seulement…

En 2012, l’association lance un appel aux dons auquel répondent de nombreuses personnes ainsi que des mécènes, en particulier dans le cadre de parrainage des tuyaux de l’orgue. L’association organise, chaque année, des séries de concerts : de nombreux artistes acceptent de se produire gratuitement pour que les recettes soient entièrement reversées à l’association. Tout est désormais prêt pour déclencher la phase de relevage-rénovation.


Mais…. Si la révision est possible, peut-on modifier, voire « updater », l’instrument lui –même ? Oui, bien entendu. Si la cathédrale a été classée au titre des Monuments Historiques en 1840, avec le buffet (la tribune), l’instrument, lui, ne fait pas l’objet d’un classement, il peut donc évoluer, comme cela a déjà été le cas dans le passé.


Pourquoi faire évoluer un orgue ?

Parce que la musique évolue ! Il est nécessaire de permettre à un instrument de jouer aussi des compositions plus récentes, et donc de l’équiper pour ce faire. D’ailleurs un violoniste qui joue sur un Stradivarius (construit vers 1700) peut jouer également des œuvres contemporaines sur son instrument, mais il ne jouera plus sur des cordes de l’époque.


Enrichir l’orgue d’un potentiel mécanique et informatique lui permettant non seulement de continuer de jouer des oeuvres très anciennes, mais également le répertoire d’aujourd’hui est donc particulièrement judicieux.


C’est pourquoi l’association tente aujourd’hui de convaincre le maitre d’ouvrage (la ville) d’autoriser l’implantation d’un jeu de 32 pieds… Oui, « autoriser » car dans ce cas, l’association financera elle-même ce 32 pieds sans demander aucune subvention complémentaire…


Où en sont les travaux aujourd’hui ?

L’orgue a été démonté en octobre 2019. Il est en cours de relevage et rénovation dans les ateliers du facteur et du tuyautier.


Facteur c’est ainsi que l’on nomme l’artisan dans cette spécialité, sinon cela s’appelle, en général, un luthier. Tuyautier est celui qui s’occupe plus précisément des tuyaux d’orgues.


Inauguration envisagée en 2022 :


Reste la question du jeu de 32 pieds à régler. Il faut en profiter tant que l’instrument est entièrement démonté… Après, il faudra constituer un nouveau dossier et repartir vers des démarches administratives et des autorisations de travaux complémentaires.


Puis, avec un outil instrumental tout neuf, ce sera le moment d’organiser, avec l’accord des autorités ecclésiastiques, de nouveaux concerts, master-class, créations et stages….. Encore tant de beaux projets à mener à l’avenir !

Ecrit par Bernard FLEURETTE

Point Financier sur cette rénovation :

Le coût total de l’opération est de 935 000€. L’association apporte la plus grande contribution grâce aux donateurs, comme le prouve le tableau récapitulatif suivant :

FINANCEURSMONTANT (Hors Taxe)POURCENTAGE DU TOTAL
Les Amis des Orgues de Senlis350 000 €37,43 %
Conseil Départemental181 920 €19,46 %
Conseil Régional110 000 €11,76 %
DRAC83 000 €8,88 %
Fonds de Dotation60 000 €6,42 %
TOTAL FINANCEMENT EXTERIEUR784 920 €83,95 %
Mairie de Senlis150 080 €16,05 %

Pour information, la mairie de Senlis, porteuse du projet, paiera la TVA à hauteur de 20% et récupérera 97% de cette TVA dans les 2 ans, soit un financement final de la Mairie de 155 690 €.

Pour en savoir plus, ou contribuer :

Les Amis des Orgues de Senlis

Président : Patrick PLANTIN

3 place Notre Dame – 60300 SENLIS

07 81 37 10 60

email : lesamisdesorgues@desenlis.org

Site Web : les-amis-des-orgues-de-senlis.org/