Tribune Senlis Ensemble : #371 Mars / Avril / Mai 2025

La vérité si je mens
Le journal La Croix rapporte que Donald Trump a profondément transformé le rapport à la vérité dans l’espace public. Pendant son premier mandat, il a fait 30 573 déclarations fausses ou trompeuses entre janvier 2017 et janvier 2021. Il a ainsi créé une post-réalité où la vérité ne compte plus et seule l’histoire qu’il raconte à ses fans est mise en avant. C’est une stratégie électorale gagnante qui lui a permis de redevenir président des Etats-Unis même si elle nécessite d’user de mensonges éhontés. La science, les statistiques et la réalité n’ont plus d’importance : seul le discours choisi est relayé. Sommes-nous si différents des américains qui élisent le beau parleur ? A Senlis, avons-nous conservé le sens commun ou nos élus peuvent-ils aussi impunément dire une chose et son contraire, avancer des demi-faits ou des affirmations erronées, voire se moquer du processus démocratique sans qu’il ne leur soit demandé des comptes ?
Examinons la séance du conseil municipal du 06 février 2025 :
- La deuxième délibération est le procès-verbal du précédent conseil du 12 décembre 2024. L’adjoint aux finances avait alors affirmé qu’en aucune manière l’équipe municipale n’avait présenté ni validé de projet consistant à rendre payants les parkings périphériques. Le PV soumis au vote en février reprend ses propos. Senlis C’est Vous cite la page 47 du procès-verbal d’un autre conseil, celui du 03 avril 2024, où le même adjoint aux finances expose que « la volonté de la Ville est de mettre en enclos et barriérer deux poches de stationnement (Parking du Cerf et Parking Boutteville) et externaliser la gestion de ces parcs ». Pourquoi l’adjoint aux finances affirme-t’il en décembre le contraire de ce qu’il avait dit en avril ? Malgré cette intervention, les élus de la majorité votent tous le PV proposé. Avec la fausse allégation. L’opposition fait son travail de relever les incohérences du discours de la majorité mais celle-ci n’en a cure et écrit impunément des balivernes dans le PV.
- La délibération 5 est le Débat d’Orientation Budgétaire. Là, Sophie Reynal de Senlis C’est Vous lit la page 13 du rapport d’orientation budgétaire : les dépenses augmentent en 2024 (+7.4%), plus vite que les recettes de fonctionnement (+4.8%) mais la conclusion est : « la maîtrise des dépenses est réaffirmée ». Est-ce qu’un foyer qui aurait des dépenses en augmentation plus rapide que ses recettes affirmerait que les dépenses sont maîtrisées ? D’ailleurs, de façon structurelle, les recettes de la ville augmentent seulement de 17% (de 25 à 30 millions d’euros) entre 2019 et 2024 quand les dépenses croissent de 20% (de 21 à 26). De quelle maîtrise des dépenses parle Madame le Maire et son adjoint aux finances dans leur rapport d’orientation budgétaire ?
- Enfin, l’opposition évoque les subventions 2025 aux associations. Elle déplore que pas un élu Senlis C’est Vous n’ait été convié aux Etats Généraux des Associations Senlisiennes, ni non plus les présidents de toutes les associations senlisiennes. Par exemple, Véronique Pruvost-Bitar préside deux associations et n’a pas été invitée, ni en tant qu’élue ni en tant que présidente. De fait, plutôt qu’une réunion municipale, il s’agissait plutôt d’une séance visant à contribuer à la réélection de l’équipe municipale puisque cette dernière y a annoncé fièrement devant les invités choisis que les subventions de 2025 seraient maintenues au niveau de 2024, soit environ 300 000 €. Comment peut-on annoncer en février le montant des subventions de 2025 aux associations alors que celui-ci sera voté au conseil municipal du 27 mars 2025 ? Se moquerait-on ouvertement des institutions démocratiques parce qu’on en a le pouvoir ? Ces subventions d’ailleurs étaient plus proches de 800 000 € en 2014. Il n’y a donc pas de quoi pavoiser sur leur maintien éventuel à moins de 40% de cette somme en 2025 – et à moins de 1% du budget.
Tous les conseils municipaux sont publics et visionnables sur Internet, en direct ou en différé. Nous invitons les senlisiens et les senlisiennes à y assister et à réfléchir à la dose de poudre de perlimpinpin qu’on veut leur faire avaler.