Tribune Senlis Ensemble : #366 Décembre 2023 / Janvier 2024 / Février 2024

Joyeux Noël à tous les enfants

En cette fin d’année, nos pensées vont vers les plus jeunes qui attendent ce moment magique de Noël avec impatience. Mais que leur réserve la politique municipale ? La fermeture de 3 écoles, alors que les nouveaux immeubles se multiplient. Un sous-équipement des écoles en matériel pédagogique. Une indemnité d’entretien attribuée aux assistantes maternelles de la ville sans cohérence avec l’augmentation record des produits alimentaires. Une crèche de 40 berceaux “Les berceaux Brunehaut” construite par la ville mais gérée en délégation de service public (DSP) par les “Petits Chaperons Rouges”.

Le 22 juin 2022, un drame survenu dans une crèche lyonnaise met un coup de projecteur sur le secteur petite enfance et en particulier les crèches du secteur marchand. Des journalistes travaillent déjà sur le sujet, alertés par des dysfonctionnements antérieurs à ce drame et l’inspection générale des affaires sanitaires (IGAS) rend son rapport en avril dernier. Depuis une vingtaine d’années, le secteur privé a été poussé à investir dans la petite enfance grâce à des incitations financières et fiscales. Quatre entreprises dominent le secteur : Les Petits Chaperons Rouges, Babilou, Maison Bleue et People and Baby, la plupart adossée à des fonds d’investissement : une industrie florissante.

L’IGAS souligne l’existence de “logique de rentabilité qui semble transformer l’activité en gestion des flux et peuvent avoir pour effet de limiter la réponse aux besoins de l’enfant à des logiques économiques”. Les conditions de travail des professionnelles, le manque de personnel, la surcharge de travail qui en découle sont au cœur des critiques. En effet, le rapport du délégataire de notre crèche senlisienne confirme bien cette situation : un nombre de professionnelles qualifiées et un nombre d’heures de formation en deçà du prévisionnel, un turn-over du personnel très préjudiciable à l’équilibre psychologique de l’enfant.

L’IGAS souligne dans son rapport, que la précarité de ce secteur est une des causes de la pénurie : “Les faibles niveaux de rémunération, la qualité de vie au travail, le sentiment de ne pas pouvoir accorder à l’enfant le temps dont il a besoin, ne permettent pas d’attirer et de fidéliser le personnel. Pour gagner quelques pourcentages de marge, les entreprises se livrent à une course au remplissage permanente (le “surbooking”), ne remplacent pas le personnel absent ou économisent sur les achats ou le matériel.”

L’inspection générale des finances décrit “un taux de profitabilité su secteur marchand autour de 6% avec pour la moitié du secteur, un taux de 8% à plus de 14%. Et “des frais de siège en augmentation considérable en 10 ans (montant facturé aux crèches par les groupes pour l’utilisation de leur service support)”. Les Petits Chaperons Rouges ont facturés plus de 70 000 € de frais généraux et autres charges alors que les frais de repas s’élevaient à 36 190 € pour l’année 2022 et les petites fournitures (entre autres, les couches) à 9 749 €. Le résultat de l’exercice 2022 de la crèche senlisienne dégage d’ailleurs un bénéfice dont 30 % seront reversés à la ville.

L’IGAS dénonce “une dégradation progressive de la qualité d’accueil au profit d’une logique financière” et propose “de considérer les normes d’encadrement actuelles comme des planchers et non pas comme un optimum”. Nous avions à Senlis un service communal de la petite enfance de qualité, avec un personnel stable, correctement rémunéré, bien formé, compétent, ayant le sens des responsabilités et attaché au bien-être de l’enfant et à son équilibre. Il est à craindre que les haltes garderies ne suivent aussi le chemin de la DSP : une manière pour la municipalité de se désengager financièrement, de se déresponsabiliser vis-à-vis du personnel et des familles, un lâche abandon des services publics qu’elle gérait historiquement.

Nous souhaitons à tous les senlisiens une heureuse année 2024, qu’elle nous apporte le bonheur au sein de nos familles, l’amitié et beaucoup de satisfactions dans nos activités professionnelles ou associatives.